Si vis pacem, para bellum. [ Pv ]

Se faire tirer les oreilles par un professeur n’est jamais vraiment plaisant. Et c’est à ses dépends qu’Hide l’apprit. Le matin même, à savoir mercredi, il aurait dû se rendre en cours de maintien. Et, franchement, qu’est-ce qu’il y a de plus emmerdant que de se faire dicter une conduite, le cul posé sur une chaise et les yeux faussement éthérés fixant une vieille chieuse ? Alors qu’il serait bien plus positif pour sa propre santé que de dormir deux heures de plus à la place.. Et bien, c’est exactement ce que le jeune homme décida de faire le matin même lorsqu’il éteignit son réveil du plat de la main. Parce que, franchement, aller en cours le motivait de moins en moins. À peu de choses près, il passerait sa vie lycéenne dans sa chambre. Mais bon, son père désirait des résultats autre que le « Qui est-ce ? » récurrent sur son bulletin scolaire. Et bien que lui faire plaisir ne faisait pas parti de la liste de ses priorités, il se forçait et aller de temps en temps faire acte de présence dans une salle de classe. Mais ce matin, il n’avait pas eu le courage. Pas vraiment. Il le regretta amèrement par la suite, d’ailleurs, parce qu’entre gâcher deux ou cinq heures de sa vie, le choix était vide fait dans l’esprit de l’adolescent. Malheureusement, son avis ne comptait pas.

Il croisa sa professeur de maintien lors de la pause déjeuner, et la salua comme si de rien n’était, mains dans les poches et limite clope au bec. Deux minutes plutôt et ç’aurait effectivement été le cas, mais Hide prenait soin de se débarrasser de ses tubes de nicotine avant de revenir dans l’enceinte du lycée. Pas folle, la guêpe. Toujours est-il que son aînée n’avait apparemment pas apprécié, du moins pas plus que ça, sa désinvolture et son flegme habituels. Pourtant, objectivement, il s’était montré poli en la saluant, non ? Il aurait tout aussi bien pu la snober en passant à côté d’elle. Mais non, il avait fallu que cette nana s’excite et se mette à lui gueuler dessus, ce que, normalement, elle ne faisait absolument jamais. Alors, le grisé s’était tout simplement dit qu’elle n’était pas de bonne humeur, et qu’il y avait une raison à cela. Mais ce n’était pas par provocation ou par méchanceté qu’à ce moment-là il lui demanda, le plus naturellement du monde : « Vous avez vos règles ? ». Apparemment, ce n’est pas passé si bien que ça du côté de la femme mature qui était censée représenter l’autorité. Les quatre heures de retenue qu’elle lui colla en contrepartie, Hidekazu ne les digéra pas non plus, à vrai dire. Au contraire ; il se permit de soupirer d’affliction à cette nouvelle, hochant la tête de dépit.

Voilà comment il se retrouvait assis au beau milieu d’une bibliothèque quasiment déserte, entouré de bouquins tous plus barbants les uns que les autres tandis que la bibliothécaire le surveillait du coin de l’œil, s’assurant qu’il faisait bien ses devoirs. Oh, bien entendu, il avait tenté d’en relever un devant ses yeux pour faire autre chose derrière, comme lire un manga qu’il avait en retard, mais la nana qui s’occupait de cette librairie publique et scolaire n’était pas dupe. Cependant, avec Hide, elle était tombée sur un os. Il n’avait pas dit son dernier mot. Alors, après l’avoir redressé lorsqu’il tentait de faire semblant d’écrire avachi sur sa table pour en fait dormir tranquillement, lui avoir supprimé son portable extra plat qu’il avait savamment glissé entre deux pages d’un livre, et avoir attaché sa cheville droite à la chaise avec sa propre écharpe pour l’empêcher de remuer, elle avait trouvé totalement normal de le voir se plier à ses ordres et se mettre à écrire. Malheureusement, ses mots ne ressemblaient en rien, de près ou de loin, aux préceptes d’une bonne cérémonie de thé. Le jeune homme entretenait une relation épistolaire des plus productives avec sa sœur, et, ayant une lettre en retard à son tableau d’honneur, entreprit de lui répondre, le plus naturellement du monde. Et avec toutes ces péripéties, une bonne heure s’était écoulée, et la bibliothèque accueillait déjà quelques masochistes venant ici en quête de calme – ou de torture, au choix.

Le soleil était tellement puissant en cette heure de l’après-midi que le blond croyait brûler. Avachi sur un banc du parc, Yuki avait décidé de se reposer et surtout de profiter d’une petite bronzette, même s’il faisait assez froid dehors. On aurait dit qu’il était immunisé contre le froid, comme si son sang bouillait en permanence dans son corps. Cette créature au sang chaud n’avait pourtant aucun problème avec cela, et ça épatait plusieurs d’entres eux, surtout l’infirmière de l’école. C’était une des raisons pourquoi il n’aimait pas aller à l’infirmerie, car elle croyait qu’il faisait toujours de la fièvre alors qu’il se sentait en parfaite santé. De plus, il fallait avouer qu’il adorait son teint lorsqu’il devenait bronzé, se détachant un peu plus de son air enfantin. Et oui vous l’aurez compris, malgré ses airs, il changeait souvent d’avis concernant son corps, parfois il ne l’aimait pas, parfois il l’aimait. Et disons que ces temps-ci il était dans un «down» alors il ferait tout pour se rajouter une couche de superficiel. Pourtant, cela devait bien faire une bonne heure qu’il était assis seul sur banc et il commençait à trouver le temps très long. Avouons, qu’il n’avait jamais eu une bonne patience et ce temps d’attente avait largement dépassé ses records. Alors comment avait-il fait pour rester tout ce temps sans bouger? Mmhh, et bien probablement que ses pensées étaient encore envahies par un jeune garçon blond de 15 ans, dénommé Haru!

Pourquoi est-ce que j’arrive pas à le sortir de ma tête celui-là?! Bon j’avoue qu’il est top canon mais quand même… Je devrait peut-être pas m’attacher à quelqu’un comme lui. Comme je l’ai compris ce n’est pas réciproque…

Hélas, la vraie question était pourquoi le garçon était encore dehors alors qu’il devrait être en cours. Hummm encore et toujours la même raison, il n’avait jamais son horaire sur lui. Enfin, il faisait exprès de l’oublier, mais n’empêche il allait tout de même à tous les cours qu’il avait en commun avec Haru, sauf les siens bien évidemment. Pourtant, on aurait dit qu’il était immunisé contre les foudres de ses professeurs. Ou peut-être le fait qu’il les regarde comme un chien battu allait très bien en sa faveur. Comme une étincelle, son cerveau daigna enfin se rappeler du cours qui allait commencer dans 15 minutes. Et oui, c’était comme de la magie, parfois les cellules de sont cerveau refusaient de coopérer, et elles fonctionnaient quand il en avait le moins envie bien évidemment. C’est donc pourquoi Yuki se releva comme un piqué et se dirigea rapidement vers la porte principale. Mais plus il avançait dans l’école et plus il se rendait compte que son cerveau lui jouait à nouveau un mauvais tour. On aurait dit qu’il s’était totalement coupé avant qu’il ne lui répète la localisation de son cours. Et ça, c’était vraiment fâcheux pour le blondinet étant donné de son sens de l’orientation médiocre. Il laissait parcourir son index sur le mur blanc des couloirs se dirigeant, non laissant marcher ses jambes comme bon lui semblait.

Une porte attira alors son attention, comme s’il devait absolument y entrer. Il regarda au dessus de celle-ci pour y lire sur un écriteau : Bibliothèque. Un sourire sadique s »afficha alors sur ses lèvres, si ses jambes l’avaient conduit à cet endroit merdique il devait bien y avoir une raison. Ou peut-être que ce qu’il n’avait pas pensé, qu’en fait, ses jambes ne l’avaient pas délibérément emmenées ici, il était tout bonnement perdu! Il poussa alors la porte, toujours avec cet étrange sourire sur les lèvres. Mais la façon dont il entra dans cet endroit fut assez remarquable : il avait poussé fortement les deux portes en même temps et était entré, triomphant. Les deux mains sur ses hanches, il restait droit comme un «i» avec ce sourire étrange sur son visage, scrutant chaque recoin de la bibliothèque. À l’instant où il aperçu un garçon, y découvrant le fait même de sa venue ici, il s’approcha jusqu’à lui, s’assoyant en face de lui. Il déposa son menton dans ses deux mains, accoudés sur la table. Durant que le garçon n’avait pas remarqué sa présence, ou faisait-il semblant de ne pas l’Avoir vu, il en profita pour le reluquer. Il n’avait peut-être pas le petit plus qu’avait Haru, mais il en restait certes un homme parfait, de sa chevelure blonde et son visage angélique. Mais que sait-on peut-être était-ce plutôt un démon qui se cachait derrière ses airs, et ça Yuki voulait le savoir. Sachez qu’il n’était aucunement du genre à laisser tomber et il avait maintenant une nouvelle personne en tête. Peut-être lui ferait-il oublié son amour! SI seulement il avait sut avant de s’asseoir sur cette table que ce garçon était en fait le président du fan club de Haru, il serait peut-être parti se réfugier dans un coin très lointain… Bref, Yuki daigna enfin prendre la parole et dit sur un ton joyeux :

_Salut! Je m’appelle Yuki et tu me croiras surement pas, mais en fait je suis perdu ^^

Hide observa du coin de l’œil une jeune fille se débattre avec un bouquin faisant la moitié de sa taille, se permettant même de sourire d’amusement devant cette scène atypique, mais il se replongea rapidement dans son propre devoir en sentant le regard lourd de la bibliothécaire peser sur son dos, plus menaçant que jamais. Enfin, « devoir », tout est relatif après tout, mais tant que l’élève écrivait, ça lui allait sûrement, à cette vieille harpie. Alors l’adolescent retourna à sa lettre, réfléchissant un instant avant de se remettre à écrire, racontant une énième fois à sa sœur combien la vie était chiante, ici. Le couvre-feu, les repas dégueulasses, l’infirmière au moins aussi insistante que son propre médecin concernant sa santé, les autres, fils de riches pourris gâtés pour certain, et puis, et puis.. Quand Hide était parti à se plaindre, il était très difficile de l’arrêter. Oh, bien sûr, il ne râlerait pas auprès de n’importe qui, mais ses amis proches et Shizuka, son aînée, étaient bien placés pour en témoigner. C’était un critique dans l’âme, après tout, et si quelque chose ne lui convenait pas, il ne se gênait jamais pour le dire. Ça pouvait lui porter préjudice, parfois, mais.. On s’refait pas, après tout. Et puis la franchise est une denrée rare, de nos jours..

Hidekazu était trop plongé dans son énumération de l’enfer quotidien qu’il vivait à Bokuseki à l’aide d’une bonne dose d’exagération pour remarquer l’entrée théâtrale d’un élève. De toute façon, il ne faisait jamais vraiment attention aux choses autour de lui en temps normal, alors.. Et puis, s’il devait surveiller la porte en permanence, non seulement il se lasserait et donc s’endormirait vite, mais en plus sa surveillante improvisée n’accepterait sûrement pas de le voir flâner ainsi. En un sens, Hide aurait considéré cet affront comme une véritable retenue, ou du moins un peu plus sévère, mais, Dieu soit loué, sa professeur de maintien n’était pas encore aussi cruelle. Enfin, ne parlons pas trop vite, elle pouvait encore avoir des poussées de sadisme. Si Hide n’était pas aussi flegmatique et désintéressé, il aurait certainement sursauté en entendant une voix provenant de la chaise juste en face de lui. Relevant les yeux en cillant, légèrement surpris, il détailla le jeune homme souriant, haussant finalement un sourcil dubitatif. S’ils avaient été dans un cartoon ou un manga, le grisé aurait certainement pris le temps de regarder autour de lui pour s’assurer que ce blond s’adressait bien à lui, mais ses pensées actuelles étaient du moins de ce genre là.

« Ah ouais ? » Lança-t-il avec tout l’entrain et l’allégresse dont il était capable dans la situation actuelle, c’est-à-dire plus ou moins égales à zéro – Fallait pas oublier qu’il était en retenue, attaché à une chaise par la cheville et surveillé par une folle furieuse qui, elle aussi, devait avoir ses règles –, avant d’adresser un semblant de sourire en coin à son désormais vis-à-vis. Ironique, le sourire, of course, bien qu’Hide fut légèrement amusé par la situation. Fallait pas trop en demander, mais après tout, ce jeune garçon n’était pas quelqu’un de méchant. Juste.. lui-même, ouais. « Crois-moi, c’est pas ici que tu retrouveras ton chemin. » Ajouta-t-il finalement avant de jeter un coup d’œil au bureau de la bibliothécaire, comme si celle-ci allait surgir armée d’une baïonnette pour le menacer de la mort la plus douloureuse qui soit étant donné qu’il se permettait de discuter avec un camarade pendant sa punition. Malheureusement, celle-ci s’était absentée pour il ne savait trop quoi, et bien que l’envie de se barrer en plantant tout ça ici et maintenant le prit pendant un quart de seconde, il songea que cela ne ferait qu’empirer son cas. Et puis, dans sa précipitation, il oublierait sûrement la chaise et s’empêtrerait dedans pour se rétamer en plein milieu de la bibliothèque. Mauvaise idée, donc. En désespoir de cause, il se replongea dans sa lettre en reprenant le fil de ses pensées, ayant apparemment tout oublié du perturbateur assis en face de lui.

Apparemment le garçon n'avait vraiment pas remarqué sa présence avant que Yuki daigne prendre la parole puisqu’il sursauta. Un sourire amusé apparu alors sur le visage enfantin du blondinet, il trouvait cela vraiment drôle, puisque habituellement c’était lui qui se faisait surprendre par quelqu’un. Toujours aussi tête en l’air il n’arrivait pas à comprendre que quelqu’un puisse surgir de nulle part sans qu’il s’en rendre compte. Idiot n’est-ce pas? Pourtant c’était vraiment comme cela qu’il pensait, vous voyez comme un enfant de 2 ans croit qu’il est caché parce qu’il ferme les yeux. Pourtant, malgré ses airs de total idiot, il arrivait à avoir de vraiment bonnes notes et les professeurs n’arrivaient pas à assimiler ce fait. Toujours en train de poser des question totalement à côté de la plaque, il avait une des plus forte moyenne de tous ses cours, enfin ou presque. Il avait fait exprès d’échouer un cours seulement pour se retrouver avec Haru. Les autres cours qu’il avait avec lui étaient en fait des cours complémentaires totalement inutile avec sa future branche de carrière. Et oui, même si au départ il se croyait seulement ami du membre du Hanataba, il n’aurait jamais put prévoir ses futurs sentiments à son égards, aussi importants furent-ils. Tout ça pour revenir à la notion du réel qui était que le blondinet passait pour la pire cruche de cette école, il fallait avouer que sa grande naïveté y était pour beaucoup. Une simple discussion sur un fait totalement inimaginable, si vous le contiez avec un air sérieux, il vous croirait sur parole. Ce point de sa personnalité le rendait encore plus vulnérable face à la méchanceté des autres. Pourtant lorsque les autres, surtout des mecs hétéros l’insultaient, il ne le prenait jamais mal, ce qui rendait furieux les garçons.

Toujours en train de dévorer du regard le joli « ange » qui se trouvait devant lui, il ne remarqua pas immédiatement quand celui-ci le regarda dans les yeux. Telle une décharge soudaine d’émotion, le surveillant de la salle 303 fut subjugué par son regard améthyste. Il fallait avouer que cette couleur de prunelles étaient une des plus rares sur cette terre et ça ne faisait que lui ajouter un petit air mystérieux, exceptionnel. Lui aussi avait maintenant un sourire en coin sur son visage et lorsque son vis-à-vis prit la parole, il ne l’écouta qu’à moitié, se laissant bercé par sa voix mélodieuse malgré le chuchotement. Mais les autres mots qui sortirent de sa bouche le ramenèrent à la dure réalité. Celle où le petit ange ressemblait désormais à un petit démon.

« Crois-moi, c’est pas ici que tu retrouveras ton chemin. »

Loin de se laisser démoralisé par ses mots qu’il percevait assez froid, le blondinet ne lui lâcha pas son sourire à présent éclatant. Comme s’il allait perdre la partie après une petite défaite! Pfff penser cela était tout à fait ignorer la vie du jeune homme. Enfin, plutôt ses convictions qui étaient toujours les mêmes, ne jamais lâcher, peut importe ce qui vous arrive, continuer jusqu’à obtenir ce que l’on veut. Telle était une des nombreuses philosophies du garçon, qui voyait toujours la vie du bon côté. Il se fic hait donc totalement que le garçon rabaisse la tête pour continuer sa lettre. Il voulait qu’il lui dise son nom, c’était déjà ça, la première mission à son égard. Un sourire niais sur les lèvres il lui dit d’un ton toujours aussi enjoué :

_Oh c’est dommage, j’aurais cru avoir quelques indications de ta part. Sinon, tu aurais un nom joli blond?

Bon, voilà que Yuki venait de faire deux erreurs de suite. D’abord, il l’avait appeler d’un nom familier alors qu’il ne le connaissait même pas. Mais surtout, peut-être que ce garçon n’était même pas homo. Mais bon, il avait supporté plusieurs refus de la part d’autres mecs, il valait mieux la peine d’essayer se disait-il. Ensuite, les cheveux de l’inconnu avaient plus une teinte blanche tiré vers le gris. Alors le traiter de blond ce n’était pas une bonne idée. Qui sait peut-être le prendrait-il pour un daltonien? Et ça c,était dans le meilleur des mondes, vraiment! C’est donc sans ajouter embargo de plus qu’il décida d’attendre les paroles de son vis-à-vis. Peut-être était-il dans un « down » mais il savait tout de même que son physique ne laissait rarement les homos indifférents. Pourtant, ce qu’il ne savait pas c’était que l’inconnu aimait plutôt les genre plus jeune, ou plus précisément avec un prénom tel que Haru. Mais bon, il avait quelque bons points concernant cela, il avait un caractère assez similaire à ce jeune cadet…

Hide eut à peine le temps de capter le sourire resplendissant du blondinet avant de replonger dans sa lettre, et, lorsqu’il l’assimila finalement, il ne le releva pas plus que ça. Après tout, sa réplique avait aussi une portée humoristique, et si son vis-à-vis l’avait perçue sans s’offusquer de la forme, tant mieux. Ça lui évitait quelques explications acerbes, mal placées et futiles. Et il était actuellement déjà en train de perdre cinq heures de sa vie, ‘fallait pas non plus pousser mémé dans les orties et l’obliger à en bousiller davantage. Restait à savoir si discuter posément avec ce jeune garçon qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam – enfin, il l’avait sûrement déjà croisé, mais ça.. – en était une. De perte de temps, je parle. En tout cas, l’adolescent ne comptait pas s’arrêter là et reprit la parole, aussi effervescent qu’un cachet d’aspirine, et le grisé marqua un temps à ses mots pour relever les yeux vers lui. Lentement. Et impassible. La familiarité, bien qu’inhabituelle, le fit tiquer mais ne le choqua pas plus que ça. Le fait d’être qualifier de « joli », un peu pareil. Mais s’il y avait une chose qu’Hidekazu ne digérerait jamais, c’était bien d’être qualifié de.. Bon, d’accord, la connerie relative à cette couleur était un concept, mais..

« Ceci.. est du gris. » souffla-t-il, les yeux plantés dans ceux, d’un bleu très magnifique soit dit en passant, du nouvel arrivant. Levant sa main gauche – puisque oui, il était gauche – il pointa ses cheveux avec son stylo plume pour appuyer ses propres paroles, et il était parfaitement impossible de déterminer s’il était plus agacé que dépité. Ce qu’il laissait apercevoir n’était qu’une neutralité imperturbable. Mais celle-ci fut rapidement remplacée par un sourire à la fois amusé et espiègle, aussi surprenant que cela puisse paraître, tandis que le stylo tournait entre ses doigts, manié avec savoir-faire par le jeune garçon aux yeux violets. Enfin, pour le moment, parce qu’il n’était pas majorette de métier, ni de passion, et que le petit objet cylindrique risquait fortement de tomber sur le sol en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. « Mais si tu tiens vraiment à me mettre dans un panier pigmenté, un conseil : choisis plutôt le châtain. » conseilla-t-il ensuite le plus naturellement du monde avant de reposer sa mine sur sa feuille, prenant pour la première fois la peine de détailler les traits du visage du blond. Non, celui-ci ne lui disait définitivement rien. Pourtant, il semblait plus ou moins dans sa tranche d’âge, et donc dans sa classe. Ou pas, en fait, vu le temps qu’Hide passait en cours, mais ça.

« Hidekazu. Mais, dans ma grande magnanimité, j’t’autorise à m’appeler Hide. » daigna-t-il enfin répondre en appuyant ses mots d’un signe de tête, ne rajoutant néanmoins rien d’artificiel à cela. Pas de « Ravi de te rencontrer » ou autres « Enchanté » hypocrites et sûrement inventés pour meubler les conversations des coincés-balais-dans-le.. Hm. Bref. Inutiles, quoi. Et il n’était pas dans les habitudes du cadet de s’encombrer de mensonges ou même d’enrobages suintant le sentimentalisme forcé. Non, parce que sans déconner, ce n’est pas parce qu’il venait de rencontrer un des nombreux élèves de son lycée que sa vie deviendrait un conte de fée, hein. Pas qu’elle soit catastrophique ou à plaindre, mais Hide se comprenait, après tout. Enfin, une fois présenté, le jeune homme se replongea dans sa lettre, bien que parfaitement incapable de se concentrer de nouveau ou de reprendre le fil désormais qu’il s’était distrait sur autre chose. Mais les apparences suffisaient parfois aux simples d’esprit, et si la bibliothécaire revenait, elle ne pourrait pas l’accuser lâchement de laxisme intensif. Après, qu’elle engueule ce dénommé Yuki ne le dérangeait pas plus que ça. C’était peut-être égoïste, mais chacun son tour, après tout. Et puis, ce n’est pas comme s’ils étaient potes ; ils n’étaient pas redevables l’un envers l’autre..

Je sais, ne dis rien. Pourtant, ce que tu penses n’est pas aussi réaliste que la vérité. Ne m’interromps pas. Tu sais très bien que tu es tout pour moi. Je te l’ai déjà dit et rien ne pourra enlever au fait que je t’aime.

Difficile à digérer peut-être? Pourtant, c’était ce que Yuki était en train de penser à l’instant. Enfin je vous dis, si la faible probabilité de la vie lui amènerait son amour ici. Il savait qu’il était toujours du genre à draguer les mecs, mais il avait toujours été comme cela, il ne pouvait faire autrement. C’était comme demander à une vache de cesser de ruminer de l’herbe… Bon comparaison totalement absurde… Enfin à moins si vous compariez Yuki à… Bon d’accord on arrête! >.< Il était du genre à laisser aller des phrases pleines de sous-entendues à un bel inconnu, juste pour son bien personnel. Mais peut-être que tous ses compliments étaient seulement dus au fait que le japonais n’arrivait pas à mentir. Et donc, dans ses élans des franchise il arrivait à avouer ce qu’il pensait des autres. Bref, tout ça pour dire que si le blondinet agissait de tel sorte avec cet inconnu, c’était tout simplement parce qu’il le trouvait de son goût Pourtant, rien ne lui empêchait de porter rien qu’une seule personne dans son cœur. Un regard souriant toujours porter vers le garçon, celui-ci reprit enfin la parole, le faisant encore une fois danser sur ceux-ci.

«Ceci... est du gris.»

Un regard étrange se développa alors sur le visage de Yuki. Oké, de un il ne lui avait pas fait de remarque sur le fait qu’il l’avait appelé joli blond. Donc ses chances étaient à nouveaux redoublés, puisqu’il n’était du moins, pas homophobe. Mais que dis-je avait-il des chances avec lui pareil? Non je veux dire, en voulait-il? Probablement pas mais il fallait avouer qu’il lui tapait drôlement dans l’œil et il savait qu’il l’avait déjà vu quelque part. C’était ça qui l’énervait le plus. Vous savez quand on a une impression de déjà vu et qu’on est sur de notre coup… Fin’ apparemment l’inconnu n’avait pas fini de discuter de ses cheveux et avant qu’il ne puisse l’asséner de question, il rajouta :

«Mais si tu tiens vraiment à me mettre dans un panier pigmenté, un conseil : choisis plutôt le châtain.»

Malgré le ton assez sévère du garçon, le surveillant ne put pas s’empêcher de rire. Non mais avouez, panier pigmenté c’était un mélange de mots tellement hilares! XD Ouais, mais peut-être que sin vous dites non c’est seulement parce que vous ne comprenez pas le cerveau enfantin du blondinet. Sincèrement, ça ne lui en prenait pas beaucoup pour se marrer, mais à peine venait-il de faire connaissance avec ce garçon, et déjà il se marrait. Vraiment, il devait le conserver dans ses contacts, il y gagnerait assurément. Mais enfin, quand il lui révéla son prénom c’Est là que tout se déclancha! Hidezeku, bien sûr! C’était exactement ça, il l’avait déjà vu à la salle 303! Et oh, un instant, quelqu’un sait ce que ça veut dire Magnani-machin-chose? Humm... Il faudrait bien qu’il le demande à quelqu’un un jours. Enfin certainement pas Hide, il était peut-être souvent à côté de la plaque mais il savait que ce serait de s’enfoncer bien bas de lui poser une telle question. Pourtant, une autre chose lui venait en tête depuis qu’il lui avait révélé son prénom. Comme s’il avait l’impression qu’il devait détester ce petit personnage… Pourtant, toujours du genre à se fier à son cœur, il ne résistera pas au fait de reprendre la parole gentiment.

_ D’accord Hide! Dis, tu es déjà venu à la salle 303 sans doute? Je t’ai déjà vu à quelque part et je me demandais si c’était là, parce que tu vois j’y travaille! M’enfin j’ai vraiment la sensation de t’avoir déjà vu quelque part. Son entrain était assez remarquable, et on voyait bien que le blondinet avait autant le bon usage de la parole que d’habitude. Mais encore une fois, un seul nom lui tournait en tête. Et directement à cette pensée le regard de Yuki devint mélancolique, changeant tout à fais d’attidude. Enfin, il murmura dans un souffle : _Haru…